Deuil, mélancolie, manie

Deuil, mélancolie, manie

all. : Melancholie, Trauer, Manie. - angl. : melancholy, mourning, mania. - esp. : melancolia, duelo, mania. - ital. : melancolia, lutt, mania. - port. : melancolia, luto, mania.

Deuil, mélancolie et manie sont des entités cliniques étroitement liées, jusqu'à pouvoir être considérées comme s'inscrivant dans une série complémentaire. Leur point commun est d'impliquer une perte grave et douloureuse, ce qui explique leur effet sur l'investissement narcissique ; les différences entre elles tiennent aux moyens mis en oeuvre pour tenter d'aménager la perte.

Le deuil est la réaction affective "normale" à la perte de l'objet. Il apparaît sous l'influence de l'épreuve de réalité qui exige de se séparer de l'objet disparu ; sa fonction est de travailler au retrait des investissements, hors de l'objet, dans toutes les situations où celui-ci était très investi.

La mélancolie se caractérise par une dépression profondément douloureuse, une suspension de l'intérêt pour le monde extérieur, la perte de la capacité d'aimer, l'inhibition de toute activité. A ces traits, déjà présents dans le deuil mais ici aggravés, s'ajoute la diminution du sentiment d'estime de soi se manifestant par des auto-reproches, allant jusqu'à l'attente délirante du châtiment.

La manie a le même contenu que la mélancolie, mais elle en a maîtrisé ou écarté le "complexe" douloureux ; son "modèle" dans la normalité est l'état de joie, de jubilation et de triomphe qui libère une énergie jusque-là inhibée ou engagée ailleurs. Elle porte à l'excès ces exaltations de l'humeur, de décharges joyeuses, d'hyperactivité mais, avec elle, le moi ignore ce qu'il surmonte et ce dont il triomphe. Dans la manie, le moi s'est libéré de l'objet qui l'avait fait souffrir.